Baptiste Etienne

Règles de transcription

Le respect du document

En réalisant une transcription, le paléographe s'engage à maintenir l'intégrité du manuscrit sur lequel il est mobilisé.

La graphie du document doit être respectée de manière rigoureuse. Si le texte présente le verbe « être » sous la forme estre, le transcripteur doit l’indiquer sous cette seconde forme. Il faut donc éviter la modernisation du texte et respecter l’orthographe de l’original.

La seule exception à cette règle concerne les lettres i et j et u et v. Les auteurs peuvent écrire l’un ou l’autre sans distinction. Lorsqu’ils ont valeur de consonnes, il convient de transformer le i en j et le u en v afin de rendre la transcription la plus intelligible possible.

Les abréviations doivent être développées de la manière suivante : à sav^r donne « à sav(oi)r » ou led. correspond à « led(ict) ».

Les seules exceptions concernent les abréviations ambiguës. Dans ce cas, il est préférable de reproduire le mot tel quel, c’est-à-dire sous sa forme abrégée. C’est le cas pour s^r (« sieur » ou « seigneur » ?), mons^r (« monsieur » ou « monseigneur » ?), M^e (« maistre » ou « messire » ?).

Les formes aberrantes comme avec la répétition involontaire d’un même mot doivent être signifiées à l’aide de la locution sic entre crochets ou parenthèses. Dans l’exemple « de par par le roi », le transcripteur fera ressortir la répétition en la signalant de cette manière « de par par (sic) le roi ». Les formes aberrantes ne sont conservées que dans le cas où elles n’altèrent pas le sens du texte. Attention, cette locution latine n’est à utiliser qu’avec parcimonie, uniquement pour les formes réellement aberrantes et les erreurs manifestes.

Les mots raturés – dans la mesure où ils sont lisibles – doivent figurer dans la transcription et être signalés de manière spécifique. Dans l’exemple « de par ~~par~~ le roi », le transcripteur fait donc ressortir l’erreur en l’indiquant de cette manière « de par (rayé : par) le roi ».

Lorsque le texte présente des lacunes (passages effacés ou détruits), les éléments manquants peuvent être restitués entre crochets ou parenthèses dans la mesure du possible. En cas d’incapacité ou de doute quant aux éléments absents, le passage doit être signifié dans le texte par des points de suspension entre crochets ou parenthèses. Lorsque des mots ont été omis dans le texte, on le signale par la mention en blanc, également placée entre crochets ou parenthèses.

L'intervention du paléographe

En réalisant une transcription, le paléographe est parfois contraint d'intervenir dans le but de faciliter la compréhension du texte.

La ponctuation, les capitales et les minuscules sont rétablies en suivant les règles actuelles, et ce, sans tenir compte des pratiques des auteurs.

L’accentuation et les signes graphiques (tréma, cédille, apostrophe, trait d’union, guillemets) sont modifiés afin de respecter les normes actuelles. Sur ce point, les méthodes de transcription peuvent diverger puisque ces éléments sont introduits par les imprimeurs de la Renaissance. Ils apparaissent donc d’abord dans les livres, avant d’envahir les manuscrits. Or, il faut bien compter deux siècles pour les voir se généraliser. Ainsi, dans les manuscrits, la ponctuation se retrouve le plus souvent dans une forme indifférenciée. Elle peut aussi n’être suggérée que par des capitales. L’usage des accents et de ces signes a suivi des voies assez irrationnelles et il semble donc impossible de se référer au système en vigueur à la date du document. De manière un peu complexe, on accentue seulement la dernière syllabe. Par exemple, on rend départ par « depart » (sans accent aigu), par contre on écrit arrivee sous la forme « arrivée ». De même, on rétablit l’accent grave sur la préposition « à », de façon à bien faire la distinction avec l’auxiliaire avoir.

Par contre, la terminaison -ez suffit à marquer que le e est tonique et il n’est pas davantage accentué dans la transcription (ainsi, arrivez est maintenu sous la forme d’« arrivez »).

Certains mots sont parfois agglutinés dans le manuscrit, il convient donc de les séparer et transcrire artificiellement conformément à l’usage actuel. Ainsi, la phrase « noz conseillers delacour des Aides » sera retranscrite sous la forme « noz conseillers de la cour des Aides ». Toutefois, lorsque la graphie d’un mot ne permet pas de dissociation rationnelle de ses éléments, il convient de conserver la forme ancienne. Les locutions telles que aussi tôt, en fin, en suite, long temps, lors que, puis que ou tous jours se sont soudées progressivement au cours du temps, afin de devenir aujourd’hui des adverbes ou des conjonctions. Il faut, dans ces cas-là, maintenir la forme ancienne.

Les additions et corrections marginales ou interlinéaires doivent être intégrées à leur place lors de la transcription, sauf si elles sont très volumineuses. Dans ce dernier cas, elles seront renvoyées de façon explicite en fin de transcription.

Baptiste Etienne

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